N° 28 : Ποτάμων (Potamon)
Datation : v. 80 avant J.-C. - v. 10 après J.C. ?
Cité : Mytilène
Prêtrise : [ἱερεὺς] θεοῦ Σεβαστοῦ Καίσαρος
Présentation :
Potamon de Mytilène est un personnage très bien connu dont il ne saurait être question ici de rappeler toute la biographie. Fils du philosophe Lesbonax, il a succédé à Théophane, proche de Pompée, après la victoire de César à Pharsale : devenu le principal défenseur de sa cité auprès des autorités romaines, il a joué un rôle central à Mytilène à partir du début des années 40 avant J.-C. et sans doute jusqu'à sa mort, tout en alternant les séjours à Rome et les retours sur l'île de Lesbos. Il a notamment conduit plusieurs ambassades décisives pour Mytilène, auprès de César d'abord en 47, puis auprès d'Auguste en Espagne et du Sénat dans la première moitié des années 20 – ambassade qui a entraîné la conclusion du fameux traité entre Rome et Mytilène.
Les sources relatives à l'activité de Potamon sont très nombreuses. Trois grands groupes se dégagent. Le premier est constitué de documents de nature diplomatique gravés sur le monument érigé à Mytilène en son honneur, le « Potameion », contenant notamment les lettres des autorités romaines obtenues à la suite des ambassades menées par Potamon et le traité entre Rome et Mytilène (n°1 et 2). Dans ce premier groupe d'inscriptions, c'est le rôle diplomatique de Potamon qui est mis en avant.
Un deuxième ensemble est formé par de nombreuses inscriptions en l'honneur de Potamon (n°3, 4, 6 à 9). Potamon porte le plus souvent trois titres : il est sauveur, bienfaiteur et fondateura. Dans un cas, les honneurs que la cité a décidé de lui décerner sont exposés avec plus de précision : il recevra une statue dans le pronaos du temple d'Asclépios Sauveur, une statue sur l'agora, et une couronne d'or.
Enfin, plusieurs auteurs ont évoqué Potamon dans leurs œuvres à propos de son activité de rhéteur (n°11 à 14).
Deux inscriptions ne peuvent être classées dans l'un ou l'autre de ces groupes. La plus tardive est une inscription honorifique pour une de ses descendantes, à la fin du IIe siècle (n°10). Aux côtés des sources littéraires, elle témoigne de l'importance et de la célébrité de Potamon ; elle révèle également que Potamon a été nomothète de Mytilène, ce que les autres inscriptions ne disaient pas. La deuxième (n°5) est la seule dédicace dans laquelle Potamon apparaisse non comme dédicant, mais comme dédicataire : il s'agit d'une dédicace à Auguste qui, bien que le sacerdoce soit restitué, indique très probablement que Potamon a été prêtre d'Auguste. Il a en effet exercé une fonction à vie (ὁ διὰ [βίου ἱερεὺς]) ; dans une dédicace à Auguste, on ne voit pas de quelle autre fonction il pourrait s'agirb. La carrière de Potamon le rapproche de plusieurs autres fondateurs de cultes civiques d'Auguste, très souvent prêtres à vie. Mais il n'existe aucune source permettant de savoir s'il a été prêtre ou grand-prêtre. Les deux cas sont attestés au début de l'époque augustéenne pour de grands bienfaiteurs civiques proches du pouvoir romainc. L'activité de Potamon dans le culte impérial transparaît également dans un des fragments du Potameion (n°4) : il aurait organisé un spectacle avec des chasses. Or, l'introduction de ces jeux romains est liée de très près au culte impérial.
Il y a donc peu de doute que Potamon ait été prêtre d'Auguste, bien que cet aspect de son activité paraisse très marginal dans les inscriptions en son honneur. Cela s'explique peut-être par le fait que Potamon a vécu pendant plusieurs années à Rome. Le sacerdoce d'Auguste pourrait être une fonction de la fin de sa carrière, lorsqu'il est revenu s'installer à Mytilène – la date de ce retour n'est pas connue. La plupart des auteurs situent la mort de Potamon peu après le début du règne de Tibère, parce qu'Auguste, dans l'inscription n°5, est dit « Theos ». Ainsi, pour Parker, Potamon a vécu de 75 avant à 15 après J.-C. Mais, dans le monde grec, Auguste peut être qualifié de Theos avant comme après sa mort. En revanche, dans l'inscription en l'honneur du fils de Potamon, C. Claudius Diaphenès, celui-ci apparaît comme grand-prêtre de Rome et d'Auguste et Auguste ne porte pas le qualificatif de Theos. Si la présence de Theos avant la mort d'Auguste ne pose pas de problème, son absence, après la divinisation officielle, est plus surprenante. C. Claudius Diaphenès a donc sans doute été grand-prêtre peu de temps avant la mort d'Auguste. La proposition de G. Labarre de situer Potamon entre 80 avant et 10 après J.-C. est plus satisfaisante.
Potamon semble également avoir joué au sein du koinon de Lesbos (n°3). Peut-être a- t-il été prêtre du culte impérial au niveau fédéral, comme C. Iulius Epicratès de Milet dans le koinon d'Ionie. L'inscription n°3 dit qu'il a exercé toutes les prêtrises, mais nous ne savons pas sous quelle forme le koinon célébrait son propre culte impériald.
Malgré ses liens personnels avec de hauts dirigeants romains, Potamon n'est jamais devenu citoyen romain. Il en avait pourtant la possibilité. S'il ne l'a pas utilisée, contrairement à Theophanès sous Pompée, cela ne peut s'expliquer que par le fait qu'il n'en ressentait pas le besoin ou n'en voyait pas l'utilitée.
Peu de descendants de Potamon sont connus avec certitude. D'après l'épisode rapporté par Sénèque, un de ses fils est mort avant lui. Le seul fils dont la carrière est bien connue est C. Claudius Diaphenès [29] (voir sa notice prosopographique)f.
Les sources relatives à l'activité de Potamon sont très nombreuses. Trois grands groupes se dégagent. Le premier est constitué de documents de nature diplomatique gravés sur le monument érigé à Mytilène en son honneur, le « Potameion », contenant notamment les lettres des autorités romaines obtenues à la suite des ambassades menées par Potamon et le traité entre Rome et Mytilène (n°1 et 2). Dans ce premier groupe d'inscriptions, c'est le rôle diplomatique de Potamon qui est mis en avant.
Un deuxième ensemble est formé par de nombreuses inscriptions en l'honneur de Potamon (n°3, 4, 6 à 9). Potamon porte le plus souvent trois titres : il est sauveur, bienfaiteur et fondateura. Dans un cas, les honneurs que la cité a décidé de lui décerner sont exposés avec plus de précision : il recevra une statue dans le pronaos du temple d'Asclépios Sauveur, une statue sur l'agora, et une couronne d'or.
Enfin, plusieurs auteurs ont évoqué Potamon dans leurs œuvres à propos de son activité de rhéteur (n°11 à 14).
Deux inscriptions ne peuvent être classées dans l'un ou l'autre de ces groupes. La plus tardive est une inscription honorifique pour une de ses descendantes, à la fin du IIe siècle (n°10). Aux côtés des sources littéraires, elle témoigne de l'importance et de la célébrité de Potamon ; elle révèle également que Potamon a été nomothète de Mytilène, ce que les autres inscriptions ne disaient pas. La deuxième (n°5) est la seule dédicace dans laquelle Potamon apparaisse non comme dédicant, mais comme dédicataire : il s'agit d'une dédicace à Auguste qui, bien que le sacerdoce soit restitué, indique très probablement que Potamon a été prêtre d'Auguste. Il a en effet exercé une fonction à vie (ὁ διὰ [βίου ἱερεὺς]) ; dans une dédicace à Auguste, on ne voit pas de quelle autre fonction il pourrait s'agirb. La carrière de Potamon le rapproche de plusieurs autres fondateurs de cultes civiques d'Auguste, très souvent prêtres à vie. Mais il n'existe aucune source permettant de savoir s'il a été prêtre ou grand-prêtre. Les deux cas sont attestés au début de l'époque augustéenne pour de grands bienfaiteurs civiques proches du pouvoir romainc. L'activité de Potamon dans le culte impérial transparaît également dans un des fragments du Potameion (n°4) : il aurait organisé un spectacle avec des chasses. Or, l'introduction de ces jeux romains est liée de très près au culte impérial.
Il y a donc peu de doute que Potamon ait été prêtre d'Auguste, bien que cet aspect de son activité paraisse très marginal dans les inscriptions en son honneur. Cela s'explique peut-être par le fait que Potamon a vécu pendant plusieurs années à Rome. Le sacerdoce d'Auguste pourrait être une fonction de la fin de sa carrière, lorsqu'il est revenu s'installer à Mytilène – la date de ce retour n'est pas connue. La plupart des auteurs situent la mort de Potamon peu après le début du règne de Tibère, parce qu'Auguste, dans l'inscription n°5, est dit « Theos ». Ainsi, pour Parker, Potamon a vécu de 75 avant à 15 après J.-C. Mais, dans le monde grec, Auguste peut être qualifié de Theos avant comme après sa mort. En revanche, dans l'inscription en l'honneur du fils de Potamon, C. Claudius Diaphenès, celui-ci apparaît comme grand-prêtre de Rome et d'Auguste et Auguste ne porte pas le qualificatif de Theos. Si la présence de Theos avant la mort d'Auguste ne pose pas de problème, son absence, après la divinisation officielle, est plus surprenante. C. Claudius Diaphenès a donc sans doute été grand-prêtre peu de temps avant la mort d'Auguste. La proposition de G. Labarre de situer Potamon entre 80 avant et 10 après J.-C. est plus satisfaisante.
Potamon semble également avoir joué au sein du koinon de Lesbos (n°3). Peut-être a- t-il été prêtre du culte impérial au niveau fédéral, comme C. Iulius Epicratès de Milet dans le koinon d'Ionie. L'inscription n°3 dit qu'il a exercé toutes les prêtrises, mais nous ne savons pas sous quelle forme le koinon célébrait son propre culte impériald.
Malgré ses liens personnels avec de hauts dirigeants romains, Potamon n'est jamais devenu citoyen romain. Il en avait pourtant la possibilité. S'il ne l'a pas utilisée, contrairement à Theophanès sous Pompée, cela ne peut s'expliquer que par le fait qu'il n'en ressentait pas le besoin ou n'en voyait pas l'utilitée.
Peu de descendants de Potamon sont connus avec certitude. D'après l'épisode rapporté par Sénèque, un de ses fils est mort avant lui. Le seul fils dont la carrière est bien connue est C. Claudius Diaphenès [29] (voir sa notice prosopographique)f.
Sources :
1/ Potameion
2/ IG XII 2, 35 (Syll³ 764, IGR 4, 33, RDGE 26)
B, l. 13-16 : [Περὶ ὧν π]ρεσβευταὶ Μυτιληναίων Ποτάμων Λεσβώνακτος, Φαινίας Φαινίου τοῦ Καιλλί[π|ου, Τ]έρφηος Διοῦς, Ἡρώδης Κλέωνος, Διῆς Ματροκλέους, Δημήτριος Κλεωνύμου, | Κρινάγορας Καλλίππου, Ζωίλος Ἐπιγένους λόγους ἐποιήσαντο, χάριτα, φιλίαν, συμμα|χίαν ἀνενεοῦντο.
3/ IG XII Suppl. 3, 7
l. 1-5 : [τὸ κοῖνον τὸ Λ]εσβίων | [Ποτάμωνα Λεσβώνακτος] τὸν ἀπύγονον Πενθίλω τῶ [β]ασίλεος | [Aἰολέων, τὸν θέων πά]ντων τε καὶ παίσαν λάβοντα κατὰ | [γένος αὐτῶ ταὶς ἰρω]σύναις τᾶς τε πόλιος καὶ τᾶς Λέσβω | [καὶ νομοθέταν γενόμεν]ον τᾶς πόλιος.
4/ IG XII Suppl. 3, 9 ; Robert, Gladiateurs n°272
l. 1-4 : ἐμφαί|[νων --- φιλοτ]ιμίαν ἐπὶ παν|[τὸς ? ---] τὰ μὲν ἀπὸ Μυσίας | [--- μεταπε]μψάμενος ἐπρίατο.
5/ IG XII 2, 154 (IGR 4, 60)
[Ποτ]άμων Λεσ[βών]ακτος ὁ διὰ [βίου ἱερεὺς---] | θεῶ Σεβαστῶ [Κ]αίσα[ρ]ι.
6/ IG XII 2, 163
(III) Ποτάμωνι | Λεσβώνακτο[ς] | τῶ; εὐεργέτα | καὶ σώτηρος | καὶ κτίστα τᾶς | πόλιος.
7/ IG XII 2, 159 à 162 ; IG XII Suppl. 43, 44
Ποτάμωνι Λεσβώνακτος τῶ σώτηρι καὶ εὐεργέτα καὶ κτίστα τᾶς πόλιος.
8/ IG XII 2, 272
Ποτάμωνος τῶ Λεσβώνακτος προεδρία.
9/ IG XII Suppl. 3, 45
[---Ποτάμωνα Λεσ]βώνακτ̣[ος | --- κ]αὶ Πρόκλα[ν | τὰν γύναικα ? κα]ὶ προγόν[ους | - ---εὐεργή]σ̣αντας τ̣[ὰν πόλιν | ---] δι᾽ αἴωνος [--- | ἀρέτας] ἔννε[κε παίσας ?].
10/ IG XII 2, 255 ; BCH 59, 1935, 471-476
l. 5-6 : τὰν ἀπύγονον Ποτάμωνος τῶ νομοθέτα καὶ | Λεσβώνακτος τῶ φιλοσόφω τοῖ(ν) εὐεργεταῖ(ν).
Bibliographie :
PIR² P 914 ; Robert, Gladiateurs, p. 313 ; Stegemann, RE XXII 1 (1953), col. 1023-1027 ; Strubbe 1984 p. 293 ; Parker 1991 ; Labarre 1996 p. 105-106, 109-115, 124-125.
Notes :
a L'inscription où il est aux côtés de Pompée et de Théophane divinisés montre son importance dans la vie de la cité, même s'il n'est pas mis sur le même plan que les deux autres personnages.
b Selon Parker, il est prêtre à titre héréditaire, puisque son fils C. Claudius Diaphenès a été prêtre du culte impérial. Mais le texte ne le dit pas. Il peut s'agir d'une transmission de fait, et non de droit. Sur le rôle de Potamon dans la mise en place du culte impérial, voir également Roddaz 2005.
c Si le texte d'IG XII 2 154 est centré, archiereus convient mieux. C. Claudius Diaphanès, pour sa part, est grand-prêtre.
d Il est très probable que le koinon lesbien a fondé un culte de l'empereur, mais la date n'en est pas connue. Sur l'activité de ce koinon, dont le centre religieux est le sanctuaire de Messa, voir Labarre 1996 p. 113-114.
e Ferrary 2005 p. 63.
f Son père Lesbonax est en revanche un philosophe connu. Voir également la fiche de Diès, Mytilène n°3.
b Selon Parker, il est prêtre à titre héréditaire, puisque son fils C. Claudius Diaphenès a été prêtre du culte impérial. Mais le texte ne le dit pas. Il peut s'agir d'une transmission de fait, et non de droit. Sur le rôle de Potamon dans la mise en place du culte impérial, voir également Roddaz 2005.
c Si le texte d'IG XII 2 154 est centré, archiereus convient mieux. C. Claudius Diaphanès, pour sa part, est grand-prêtre.
d Il est très probable que le koinon lesbien a fondé un culte de l'empereur, mais la date n'en est pas connue. Sur l'activité de ce koinon, dont le centre religieux est le sanctuaire de Messa, voir Labarre 1996 p. 113-114.
e Ferrary 2005 p. 63.
f Son père Lesbonax est en revanche un philosophe connu. Voir également la fiche de Diès, Mytilène n°3.
Mis à jour le 14/07/2011