N° 332 : Γ. Ἰούλιος Ὑβρέας (C. Iulius Hybreas)

Datation : Époque augustéenne
Cité : Mylasa

Présentation : 
C. Iulius Hybreas fait partie des fondateurs du culte impérial civique, à l'image de C. Iulius Epicratès de Milet. Sa carrière est désormais bien connue et nous ne discuterons ici que des aspects en lien avec l'instauration du culte impérial à Mylasa.
Dans les années 40 avant J.-C., C. Iulius Hybreas acquiert une position hégémonique à Mylasa, succédant dans ce rôle à Euthydème. Excellent orateur, il devient un interlocuteur privilégié entre les Romains et sa cité, et même la province d'Asie, grâce à sa résistance à Labienus. La date à laquelle il obtient la citoyenneté romaine est discutée ; pour G. Marasco, Octave la lui a conférée à la fin des années 30, tandis que F. Delrieux et M. F. Ferriès attribuent ce geste à César. Il serait étonnant qu'un homme comme Hybreas n'ait pas reçu la citoyenneté d'Antoine après la guerre de Labiénus, s'il ne l'avait pas déjàa. Hybreas peut donc avoir reçu la citoyenneté de César au début des années 40 ou, s'il n'en a bénéficié qu'après la guerre de Labienus, avoir pris le nomen d'Octavien comme C. Iulius Epicratès de Milet à la même époqueb. La date de sa mort n'est pas précisément connue, mais elle se situe nécessairement après la victoire d'Auguste, car C. Iulius Hybreas a été grand-prêtrec. Etrangement, C. Iulius Hybreas est « grand-prêtre héréditaire » ; ce titre pose un problème si l'on considère qu'il s'agit du premier prêtre du culte impérial. Il peut s'agir d'une formule honorifique, comme le suggère F. Delrieux et M. F. Ferriès, mais elle est inhabituelle. Il est également possible que, comme M. Tullius Cratippus II à Pergame (n°91), C. Iulius Hybreas ait succédé à un ascendant qui aurait exercé un sacerdoce de Rome ou de César : à Pergame, on considère que M. Tullius Cratippus II, prêtre d'Auguste et de Rome, a hérité du sacerdoce de son père qui était pourtant prêtre de Rome et de Salus. C. Iulius Hybreas a pu mourir peu de temps après l'installation du principat augustéend. Son titre d'archiereus n'apparaît en effet que sur des inscriptions posthumes et les monnaies signées par un grammateus du nom d'Hybreas peuvent se rapporter à son fils plutôt qu'à lui. La dédicace d'un temple de Rome et d'Auguste grand-pontife, postérieure à 12 avant J.-C., ne doit pas être liée à l'institution de la grande-prêtrise : le temple peut tout à fait être postérieure. D'ailleurs, Hybreas n'est pas grand-prêtre de Rome et d'Auguste, mais simplement grand-prêtre.
En tant que grand-prêtre, C. Iulius Hybreas a organisé des spectacles, parmi lesquels des chasses ; trois monuments sont érigés après sa mort par des venatores (1, 2, 3) et ce sont précisément par ces inscriptions, et par elles seules, que la grande-prêtrise d'Hybreas est connue. Grand évergète de Mylasa dans la deuxième moitié du Ier siècle, C. Iulius Hybreas a fait l'objet d'honneurs héroïques et fait partie des C. Iulii dont l'importance a été soulignée maintes fois par L. Robertf.
Sources : 
1/ I.Mylasa 534
l. 1-3 : Γαίου Ἰουλίου, Λέοντος | ἥρωος υἱοῦ, Ὑβρέου ἥρωος, | ἀρχιερέως διὰ γένους.
2/ I.Mylasa 535
l. 1-3 : Γαίου Ἰουλίου, Λέοντος | ἥρωος υἱοῦ, Ὑβρέου ἥρωος, | ἀρχιερέως διὰ γένους.
3/ I.Mylasa 536
l. 1-5 : Γαίου Ἰουλίου, Λέοντος | ἥρωος υἱοῦ, Ὑβρέου ἥρωος, | ἀρχιερέως διὰ γένους.
4/ RPC I 2791
Μυλασέων, γραμματεύοντος Ὑβρέου.

Bibliographie : 
Strabon XIII 4,15 et XIV 2,24 ; Plutarque, Vie d'Antoine 24, 7-9.
Radermacher, RE IX,1 (1914) p. 29-31 ; PIR² H 234 (Bull. 1959, 107a) ; Robert, Hellenica VIII, 1950 p. 95-96 ; 1966c p. 419-420 ; Syme 1967 p. 249 ; Holtheide 1983 p. 28-30 et 273 ; Jones 1983 ; Marasco 1992 p. 37-59 ; Delrieux-Ferriès 2006.

Notes : 
a Sur la rencontre entre C. Iulius Hybreas et Antoine, voir Plutarque (loc. cit.).
b Sur ce point, outre la bibliographie ci-dessus, voir Freber 1993 p. 118 et Ferrary 2005, p. 61.
c Dans ce sens, Delrieux-Ferriès et Marasco, contra Jones.
d Sa date de naissance se situe dans les années 80 (Delrieux-Ferriès p. 509 et n. 157).
e I.Mylasa 31 (ὁ δῆμος Aὐτοκράτορι Καίσαρι θεοῦ υἱῶι Σεβαστῷ ἀρχιερεῖ μεγίστῳ καὶ Θεᾶι Ῥώμηι) et von Hesberg 1978 p. 956-957.
f Voir notamment Robert 1966c p. 419-420.

Mis à jour le 20/05/2010