N° 273 : Μ. Oὔλπιος Καρμίνιος Κλαυδιανός (M. Ulpius Carminius Claudianus I)
Datation : Deuxième moitié du IIe siècle après J.-C.
Cité : Aphrodisias
Prêtrise : ἀρχιερεύς
Présentation :
M. Ulpius Carminius Claudianus appartient à une famille bien connue originaire d'Attouda et active à Attouda et Aphrodisias à partir du milieu du IIe siècle. Sa grande-prêtrise a été exercée à Aphrodisias, où il a également fait une fondation pour des travaux dans un gymnase, sans doute dans le complexe formé par les thermes d'Hadrien, le portique de Tibère et le gymnase de Diogenès, près du théâtrea. Il a en outre légué à la cité 10 000 deniers pour la réfection de l'auditorium du théâtre et fait des distributions d'huile aux citoyens et aux étrangers à plusieurs reprises (1). Cela permet de le situer sous Antonin où ont eu lieu d'importantes restructurations au théâtre. À Aphrodisias, M. Ulpius Carminius Claudianus a également été prêtre à vie et archinéope d'Aphrodite, trésorier et ambassadeur. Il y est honoré du titre de philopatris et d'évergète (1).
Ce personnage a également eu une activité dans la cité d'Attouda : il y a été stéphanéphore perpétuelb. Plusieurs publications récentes ont tenté de déterminer s'il fallait également lui attribuer des émissions monétaires de l'époque d'Antonin (4) puis de 166-169, où apparait un Carminius asiarque (5). Pour D. Macro et R. Péra, les deux émissions monétaires ont été financées par M. Ulpius Carminius Claudianus, tandis que P. Thonemann et F. Ertuğrul les attribuent toutes deux au père du grand-prêtre, selon eux nommé M. Ulpius Carminius Claudianus Polydeukès. Mais une étude récente de C. Slavich montre de façon convaincante que les deux émissions doivent être dissociées ; sous Antonin, les monnayages portent bien la signature de M. Ulpius Carminius Claudianus, tandis que le magistrat monétaire de l'époque de Marc-Aurèle est un Carminius Claudianus, parfois également dit asiarque, mais sans le deuxième cognomen d'Ulpiusc. Pour l'auteur, M. Ulpius Carminius Claudianus a été responsable de l'émission monétaire d'époque antonine, avant celle de son père, qui a eu lieu entre 166 et 169. Sur le plan chronologique, cela n'a rien d'impossible mais, que le monétaire Carminius Claudianus soit ou non le père de notre grand-prêtre ou qu'il s'agisse d'un parent plus éloigné, il doit de toute façon en être distingué. Or, le titre d'asiarque n'apparaît que sur les monnaies des années 160 : contrairement à ce qui a été longtemps admis, rien ne prouve donc que M. Ulpius Carminius Claudianus ait été grand-prêtre de la province d'Asie. La restitution de cette fonction dans les lignes 9 et 10 de l'inscription d'Aphrodisias n'a donc pas lieu d'être (1), ni dans une inscription d'Attouda (Sheppard 1981 n° 6 ; Drew Bear 1984, p. 67-69). En revanche, le monétaire Carminius Claudianus a bien été asiarque, de même que la femme et le fils de M. Ulpius Carminius Claudianus, également grand-prêtre civique (M. Ulpius Carminius Claudianus Iunior).
M. Ulpius Carminius Claudianus porte les deux titres de fils du peuple et de fils de la cité à Attoudad et n'a pas négligé la cité d'origine de sa famille, même si ses plus grandes générosités ont été pour Aphrodisias.
Enfin, bien qu'il n'ait pas été asiarque, M. Ulpius Carminius Claudianus a exercé des responsabilités à un niveau provincial en étant trésorier du koinon d'Asie et curateur de la cité de Cyzique – les inscriptions précisent qu'il a occupé ce poste après des consulaires et qu'il a été honoré de nombreuses façons par les empereurs (1). Ce personnage a donc fait une brillante carrière à la fois civique et provinciale, tout en étant personnellement suffisamment proche de l'empereur pour être désigné comme curateur de cité. Comme l'écrit A. Sheppard, « [his career] marks the transition of his family from municipal and provincial eminence to a senatorial career »e. Il faut ajouter à cette remarque qu'il n'y a aucune opposition entre ces différents niveaux de pouvoir et de responsabilité, ni pour M. Ulpius Carminius Claudianus, ni pour ses fils, dont l'un, Carminius Flavius Athenagoras, a été procurateur de Lycie-Pamphylie-Isaurie et consul suffect sous Commode, et l'autre, issu d'un deuxième mariage et qui porte le même nom que son père, grand-prêtre de la province d'Asie et grand-prêtre d'Aphrodisias (voir M. Ulpius Carminius Claudianus Iunior). Le premier mariage de M. Ulpius Carminius Claudianus a considérablement joué dans cette ascension sociale : il a épousé Flavia Apphia, grande-prêtresse d'Asie, fille d'un chevalier romain et d'une femme de rang sénatorial, sœur d'un sénateurf. Sa deuxième épouse, Carminia Ammia, était en revanche originaire d'Attouda, où elle a été prêtresse et où leur fils M. Ulpius Carminius Claudianus le jeune a fait une partie de sa carrière.
Ce personnage a également eu une activité dans la cité d'Attouda : il y a été stéphanéphore perpétuelb. Plusieurs publications récentes ont tenté de déterminer s'il fallait également lui attribuer des émissions monétaires de l'époque d'Antonin (4) puis de 166-169, où apparait un Carminius asiarque (5). Pour D. Macro et R. Péra, les deux émissions monétaires ont été financées par M. Ulpius Carminius Claudianus, tandis que P. Thonemann et F. Ertuğrul les attribuent toutes deux au père du grand-prêtre, selon eux nommé M. Ulpius Carminius Claudianus Polydeukès. Mais une étude récente de C. Slavich montre de façon convaincante que les deux émissions doivent être dissociées ; sous Antonin, les monnayages portent bien la signature de M. Ulpius Carminius Claudianus, tandis que le magistrat monétaire de l'époque de Marc-Aurèle est un Carminius Claudianus, parfois également dit asiarque, mais sans le deuxième cognomen d'Ulpiusc. Pour l'auteur, M. Ulpius Carminius Claudianus a été responsable de l'émission monétaire d'époque antonine, avant celle de son père, qui a eu lieu entre 166 et 169. Sur le plan chronologique, cela n'a rien d'impossible mais, que le monétaire Carminius Claudianus soit ou non le père de notre grand-prêtre ou qu'il s'agisse d'un parent plus éloigné, il doit de toute façon en être distingué. Or, le titre d'asiarque n'apparaît que sur les monnaies des années 160 : contrairement à ce qui a été longtemps admis, rien ne prouve donc que M. Ulpius Carminius Claudianus ait été grand-prêtre de la province d'Asie. La restitution de cette fonction dans les lignes 9 et 10 de l'inscription d'Aphrodisias n'a donc pas lieu d'être (1), ni dans une inscription d'Attouda (Sheppard 1981 n° 6 ; Drew Bear 1984, p. 67-69). En revanche, le monétaire Carminius Claudianus a bien été asiarque, de même que la femme et le fils de M. Ulpius Carminius Claudianus, également grand-prêtre civique (M. Ulpius Carminius Claudianus Iunior).
M. Ulpius Carminius Claudianus porte les deux titres de fils du peuple et de fils de la cité à Attoudad et n'a pas négligé la cité d'origine de sa famille, même si ses plus grandes générosités ont été pour Aphrodisias.
Enfin, bien qu'il n'ait pas été asiarque, M. Ulpius Carminius Claudianus a exercé des responsabilités à un niveau provincial en étant trésorier du koinon d'Asie et curateur de la cité de Cyzique – les inscriptions précisent qu'il a occupé ce poste après des consulaires et qu'il a été honoré de nombreuses façons par les empereurs (1). Ce personnage a donc fait une brillante carrière à la fois civique et provinciale, tout en étant personnellement suffisamment proche de l'empereur pour être désigné comme curateur de cité. Comme l'écrit A. Sheppard, « [his career] marks the transition of his family from municipal and provincial eminence to a senatorial career »e. Il faut ajouter à cette remarque qu'il n'y a aucune opposition entre ces différents niveaux de pouvoir et de responsabilité, ni pour M. Ulpius Carminius Claudianus, ni pour ses fils, dont l'un, Carminius Flavius Athenagoras, a été procurateur de Lycie-Pamphylie-Isaurie et consul suffect sous Commode, et l'autre, issu d'un deuxième mariage et qui porte le même nom que son père, grand-prêtre de la province d'Asie et grand-prêtre d'Aphrodisias (voir M. Ulpius Carminius Claudianus Iunior). Le premier mariage de M. Ulpius Carminius Claudianus a considérablement joué dans cette ascension sociale : il a épousé Flavia Apphia, grande-prêtresse d'Asie, fille d'un chevalier romain et d'une femme de rang sénatorial, sœur d'un sénateurf. Sa deuxième épouse, Carminia Ammia, était en revanche originaire d'Attouda, où elle a été prêtresse et où leur fils M. Ulpius Carminius Claudianus le jeune a fait une partie de sa carrière.
Arbre généalogique :
Sources :
1/ IAph2007 12.1111
ἡ βουλὴ καὶ ὁ δῆμος ὁ Ἀφροδισιέων καὶ ἡ γερουσία | Μᾶρ(κον) Oὔλ(πιον) Καρ(μίνιον) Κλαυδιανόν, ὑὸν Καρ(μινίου) Κλαυδιανοῦ | Ἀσίας ἀρχιερέως, πάππου καὶ προπάππου συν|κλητικῶν, τειμηθέντα ἐν πολλοῖς [ὑ]πὸ τῶν | Aὐτοκρατόρων, ἄνδρα Φλ(αουίας) Ἀπφίας ἀρχιερείας | Ἀσίας, μητρὸς καὶ ἀδελφῆς καὶ μάμμης συνκλη|τικῶν, φιλοπάτριδος, θυγατρὸς τῆς πόλεως, καὶ | Φλ(αουίου) Ἀθηναγόρου ἐπιτρόπου Σεβαστοῦ, πατρὸς καὶ πάππου καὶ | προπάππου συνκλητικῶν, αὐτὸν ἀρχι|ερέως τῆς Ἀσίας ὑόν, πατέρα Καρ(μινίου) Ἀθηναγόρου συν|κλητικοῦ, πάππον Καρμινίων Ἀθηναγόρου κα̣[ὶ] | Κλαυδιανοῦ καὶ Ἀπφίας καὶ Λειβιανῆς συνκλη|τικῶν, ἀργυροταμίαν τῆς Ἀσίας, λογιστὴν μετὰ | ὑπατικοὺς δοθέντα τῆς Κυζικηνῶν πόλεως, | ἀρχιερέα, ταμίαν, ἀρχινεοποιὸν, ἱερ{έ}α διὰ βίου | θεᾶς Ἀφροδίτης.
2/ MAMA 6, 75
l. 5-9 : Καρμινίαν Ἀμμίαν, στεφα|[νη]φόρον καὶ ἱέρειαν θεᾶς Μ[η|τρ]ὸς Ἀδράστου καὶ θεᾶς Ἀ[φρο|δεί]της, γυναῖκα Κα[ρμινίου | Κλαυ]διανοῦ.
3/ MAMA 6, 74
l. 1-4 : ἡ βουλὴ καὶ ὁ δῆμος [ἐτείμησεν | Μᾶρκον Oὔλπιον Καρ]μίνιον [Κλαυδιανὸν] | νεώτερον, στεφανηφόρον, | ἱερέα θεᾶς Μητρὸς Ἀδράστου.
4/ RPC Online n°598, 856, 855, 859 à 863, 6833.
n°855 : ἐπιμεληθέντος Καρμ(ινίου) Κλαυδιανοῦ Ἀττουδέων.
n°856 : διὰ Καρμινίου Κλαυδιανοῦ ἀσιάρχου Ἀττουδέων.
n°859, 860 : διὰ Κλαυδιανοῦ υἱοῦ πόλεως.
n°598, 861, 862, 863 : διὰ Κλαυδιανοῦ.
n°6833 : Καρμ[ινίου] Κλαυδιανοῦ.
n°856 : διὰ Καρμινίου Κλαυδιανοῦ ἀσιάρχου Ἀττουδέων.
n°859, 860 : διὰ Κλαυδιανοῦ υἱοῦ πόλεως.
n°598, 861, 862, 863 : διὰ Κλαυδιανοῦ.
n°6833 : Καρμ[ινίου] Κλαυδιανοῦ.
5/ RPC Online n°853, 854
n°853 : Μ. Oὔλ(πιος) Καρμίνιος Κλαυδιανὸς ὐιὸς πόλεως Ἀττουδέων ἀνέθηκε.
n°854 : διὰ Μ. Oὐλ(πίου) Κλαυδιανοῦ ὑιοῦ τοῦ δῆμου Ἄττουδα Τραπεζοπ(όλις) Ὁμόνοια.
n°854 : διὰ Μ. Oὐλ(πίου) Κλαυδιανοῦ ὑιοῦ τοῦ δῆμου Ἄττουδα Τραπεζοπ(όλις) Ὁμόνοια.
6/ EA 38 (2005), 75 n°1 (Bull. 2006, 408, AE 2005, 1457)
l. 2-5 : Μᾶρκον Oὔλπιον Καρμίνιον Κλαυδιανὸν τὸν υἱὸν τῆς πόλεως.
Bibliographie :
PIR² C 433
Halfmann 1979 p. 42 et n°144a ; Macro 1979 ; Sheppard 1981 p. 25-26 ; Halfmann 1982 p. 633 ; Quass 1982 p. 203 ; Macro 1985 ; Raepset-Charlier 1987, I, 180-183 ; Reynolds 1991 p. 20 ; Campanile 1994 n°53a ; Pera 1996 ; Reynolds 1999 (sur la famille de sa femme) ; Thonemann-Ertuğrul 2005 ; Campanile 2006 p. 544-545 ; Slavich 2006 ; Pont 2008 p. 192-193.
Halfmann 1979 p. 42 et n°144a ; Macro 1979 ; Sheppard 1981 p. 25-26 ; Halfmann 1982 p. 633 ; Quass 1982 p. 203 ; Macro 1985 ; Raepset-Charlier 1987, I, 180-183 ; Reynolds 1991 p. 20 ; Campanile 1994 n°53a ; Pera 1996 ; Reynolds 1999 (sur la famille de sa femme) ; Thonemann-Ertuğrul 2005 ; Campanile 2006 p. 544-545 ; Slavich 2006 ; Pont 2008 p. 192-193.
Notes :
a N. de Chaisemartin, « Le ‘portique de Tibère' à Aphrodisias », REA 91 (1989) p. 23- 45 ; Roueché, PPAphr p. 117.
b Il n'y a aucune raison de lui attribuer une inscription publiée par Sheppard 1981. Voir, sur ce point, l'anonyme d'Attouda n°3.
c C. Slavich fait en outre allusion à une inscription non publiée qui prouverait clairement que le père de M. Ulpius Carminius Claudianus n'était pas un Ulpius, mais seulement un Carminius, le gentilice Ulpius provenant de la famille maternelle du grand-prêtre d'Aphrodisias (Slavich 2006 p. 586). Son nom complet serait M. Carminius Pollux Claudianus, id. p. 594.
d Contrairement à ce qu'écrit Slavich en 2006, pour qui le grand-prêtre n'a été que fils du peuple tandis que son père était fils de la cité ; voir RPC Online n°853.
e Sheppard 1981.
f Campanile n°53b. Son père, T. Flavius Athenagoras Agathus (PIR² F 223), a été procurateur équestre. Sa mère, Sallustia Frontina, est une clarissima femina (M. Th. Raepsaet-Charlier 1987 n°679). Voir le stemma de Reynolds 1999 p. 329 sur cette partie de la famille.
b Il n'y a aucune raison de lui attribuer une inscription publiée par Sheppard 1981. Voir, sur ce point, l'anonyme d'Attouda n°3.
c C. Slavich fait en outre allusion à une inscription non publiée qui prouverait clairement que le père de M. Ulpius Carminius Claudianus n'était pas un Ulpius, mais seulement un Carminius, le gentilice Ulpius provenant de la famille maternelle du grand-prêtre d'Aphrodisias (Slavich 2006 p. 586). Son nom complet serait M. Carminius Pollux Claudianus, id. p. 594.
d Contrairement à ce qu'écrit Slavich en 2006, pour qui le grand-prêtre n'a été que fils du peuple tandis que son père était fils de la cité ; voir RPC Online n°853.
e Sheppard 1981.
f Campanile n°53b. Son père, T. Flavius Athenagoras Agathus (PIR² F 223), a été procurateur équestre. Sa mère, Sallustia Frontina, est une clarissima femina (M. Th. Raepsaet-Charlier 1987 n°679). Voir le stemma de Reynolds 1999 p. 329 sur cette partie de la famille.
Mis à jour le 20/04/2010