N° 162 : Γ. Ἰούλιος Ἐπικράτης (C. Iulius Epicratès)

Datation : Auguste
Cité : Milet

Présentation : 
C. Iulius Epicratès, membre d'une des premières familles d'Asie ayant reçu la citoyenneté romaine, a joué un rôle décisif dans la mise en place du culte impérial à plusieurs niveaux : dans la province d'Asie, dans le koinon d'Ionie et dans la cité de Milet, dont il a été le premier grand-prêtre.
Petit-fils du proche de César Epicratès fils d'Apolloniosa, C. Iulius Epicratès était stéphanéphore de Milet en 40/39 (1, 9) et a joué un rôle important dans la résistance de la cité à Labiénus. C'est peut-être à la suite de cet épisode qu'Epicratès a reçu la citoyenneté romaine. Comme l'a montré J.-L. Ferrary, cette hypothèse, plus satisfaisante sur le plan chronologique qu'une citoyenneté accordée après Actium, n'a rien de contradictoire avec le partage de l'empire entre Antoine et Octavien : au début des années 30, Antoine n'avait aucune raison de s'offusquer qu'un notable de Milet prenne le nomen d'Octave, au contraire peut-être. C. Iulius Apollonius, le père de C. Iulius Epicratès, aurait reçu les tria nomina au même moment.
L'activité de C. Iulius Epicratès dans les débuts du culte d'Auguste est attestée par plusieurs inscriptions. Il est certain qu'il a été grand-prêtre d'Asie et d'Ionie (4). Comme l'a relevé P. Herz, cela signifie que le premier grand-prêtre d'Auguste en Asie est un citoyen romain. Or, selon Dion Cassius, Auguste avait autorisé la construction de deux temples en Asie, un pour les Grecs, voué à lui-même et à Rome, et un pour les citoyens romains, voué à César. Le rôle exact d'Epicratès dans le koinon au début du règne d'Auguste n'est pas connu, mais ses bonnes relations avec les autorités romaines ont sans aucun doute été utiles (5, 7).
Aucun texte ne mentionne explicitement de grande-prêtrise civique. Cependant, Epicratès a été grand-prêtre à vie (2). Or, dans le koinon d'Asie comme dans celui d'Ionie, la grande-prêtrise est annuelle. La grande-prêtrise viagère ne peut donc être que celle de la cité de Milet. Le décret honorifique de la cité de Milet (5), la dédicace des molpes d'Aigiale, sur l'île d'Amorgos (6), celle du peuple (2) et une base de statue (3) se rapportent probablement à la grande-prêtrise civique de C. Iulius Epicratès.
Son activité évergétique en faveur de la cité, notamment pour le financement des travaux d'embellissement du temple d'Auguste (7), en fait un personnage tout à fait hors du commun, qui reçoit des honneurs héroïques après sa mort, ainsi que son père C. Iulius Apollonius (2). C. Iulius Epicratès a obtenu des statuts avantageux pour le Delphinion, le sanctuaire de Didymes et d'autres parties du territoire civique ; comme aux koina d'Asie et d'Ionie, ses liens avec le pouvoir romain ont servi à la cité de Milet.
Par sa fille, il a pour descendant Cn. Vergilius Capito. Ce dernier a joué un rôle comparable à celui de C. Iulius Epicratès dans le culte impérial à l'époque de Caligula – bien qu'avec moins de réussite, puisque la néocorie conférée par celui-ci n'a pas été maintenue après la mort de Caligula.
Sources : 
1/ Milet I 3, 126
l. 20 : Ἐπικράτης Ἀπολλωνίου (40-39)
2/ Milet I 2, 6 ; VI 1 p. 156
ὁ δῆμ[ος] | Γαίωι Ἰουλίωι Ἰου[λίου Ἀπολ]|λωνίο[υ] ἥ̣ρ̣ωος [υἱῶι -?- ] | Ἐπικρά[τει φιλο]πά[τριδι] | τῶι δι̣[ὰ βί]ου ἀρχιερεῖ | [κ]αθιέρωσεν.
3/ Milet VI 3, 1130
[ὁ δῆμος ὁ Μιλησί]ων Γαίον Ἰούλιον | [Ἰουλίου Ἀπολλωνίου ἥ]ρωος υἱὸν Ἐπικρατέα | [τοῦ Σεβαστοῦ πρῶτ]ον ἀρχιερέα γενόμεν[ον].
4/ Milet VI 3, 1131
[Γ]αίον Ἰούλιον Ἐπικράτη ἥρωα φιλόπατριν, πατέρα | [Ἰ]ουλίας [τῆς θε]ίης Γν(αίου) Oὐεργιλίου Καπίτωνος, | φίλον [5-7]ον γενόμενον Aὐτοκράτορος | Καίσα[ρος θε]οῦ υἱοῦ θεοῦ Σεβαστοῦ καὶ αἰτη|σάμεν[ον τή]ν τε ἀσυλίαν τοῦ Ἀπόλλωνος καὶ | τὴν ἀπ[ο]γ̣α̣ι̣[ου]μένην χώραν ὑπὸ τοῦ Μαιάνδρου | καὶ τοὺς γαι̣ε̣ῶνας καὶ τὴν̣ ἀ[τ]έ̣λ̣ειαν τῶν Διδυ|μείων καὶ τῶν νήσων, ἀρχιερέα Ἀσίας καὶ τῶν | Ἰώνων διὰ βίου καὶ ἀγωνοθέτην διὰ βίου καὶ | γυμνασίαρχον πάντων τῶν γυμνασίων | καὶ πάσας τὰς λειτουργίας ἐπιτελέσαν|τα καὶ διά τε λόγων καὶ ἔργων καὶ ἀναθη|μάτων καὶ δωρεῶν κοσμήσαντα τὴν πα|τρίδα καὶ ἐπιχ[ορηγή]σαντα, εὐεργέτην | τῆς πόλεως κ[αθὼ]ς τὰ περὶ αὐτοῦ ψη|φίσματα περιέχει.
5/ Milet I 2, 7 ; VI 1 p. 156
l. 4-5 : ὁ ἀρχιερεὺς Γα[ίος Ἰο]ύλιος [Ἰ]ο̣υλίου Ἀπολ|λωνίου ἥρωος υἱὸς Ἐ̣[πι]κ̣ράτης.
6/ IG XII 7, 418 (IGR IV 998)
l. 17-21 : ὑπερ τῆς σωτηρί[ας τοῦ ἀ]ρχιερέως Γαί[ου Ἰουλί]ου Γαίου Ἀπολ[λωνίου] ἥρωος υἱοῦ ---ους φιλο[πάτριδ]ος.
7/ Milet VI 3, 1045
ὠφελίην δὲ τῆι τε πα|[τριδι καὶ τῆι Ἰω]νίῃ τῆι τε ξυμπάσῃ ἐπαρ|[χείᾳ].
8/ I.Didyma 205
l. 1 : προφήτης [Ἐ]πικράτ[ης] Ἀπολλωνίου.
9/ I.Didyma 202 II
[στεφανηφορο]ῦντος Ἐπικράτους τ[οῦ Ἀπολλωνίου].
10/ I.Didyma 399
l. 1 : [ἐπὶ στεφανηφόρου ? προφητεύοντος ? Ἐπικράτ]ο̣υ̣ς̣ τ̣οῦ Ἀπολλωνίου.

Bibliographie : 
Holtheide 1983 p. 26-27 ; Herrmann 1994 ; Herz 2003 p. 138-140 ; Ferrary 2005 p. 58-61 ; Campanile 2006 n°201.

Notes : 
a Sur la capture de César par des pirates, voir L. M. Günther 1999 p. 330.

Mis en ligne le 15/10/2009