N° 177 : [-] (Milet I 7, 265)

Cette grande-prêtresse, dont le nom est perdu, a été archiereia à Milet et dans le koinon d'Ionie. Elle a effectué une brillante carrière, accumulant les liturgies coûteuses : elle a été gymnasiarque des trois gymnases, paidonome, chorège de toutes les chorégies et agonothète des Commodeia de Didymes. L'inscription précise qu'elle a bien exercé les autres liturgies et la cité lui décerne le titre de τέλειος λειτουργός, très rare pour une femme. Elle a d'autre part exercé les charges les plus importantes de la cité de Milet et du sanctuaire de Didymes, la stéphanéphorie, l'hydrophorie d'Artémis et la kotarquie^a. L'importance des prêtrises des empereurs se manifeste par le fait qu'elles apparaissent en premier dans la description de sa carrière, qui par ailleurs est totalement civique. Pour expliquer ce parcours exceptionnel pour une femme, R. Van Bremen a émis l'hypothèse qu'elle ait été la seule représentante de sa famille : en l'absence de frères, elle aurait assuré la continuité des traditions familiales. Exceptionnellement, elle pourrait avoir été grande-prêtresse de Milet seule, mais il est plus probable qu'elle était accompagnée d'un parent qui n'apparaît pas sur l'inscription. En Ionie, en tout cas, il est difficile d'imaginer une grande-prêtresse sans grand-prêtre. Tous les archiereis d'Ionie connus en dehors de cette femme sont des couples ou des hommes^b.
A. Rehm avait daté l'inscription de la fin du IIe siècle à partir de l'écriture et de la mention des Didymeia Commodeia. Mais L. Moretti^c a montré que ces concours sont attestés jusqu'en 250 après J.-C. Notre anonyme peut donc avoir vécu entre le règne de Commode et le milieu du IIIe siècle.