N° 73 : Κ. Λόλλιος Φιλέταιρος (Q. Lollius Philetairus)
Datation : Auguste
Cité : Assos
Prêtrise : ἱερεὺς τοῦ Σεβαστοῦ θεοῦ Καίσαρος
Présentation :
Q. Lollius Philetairus a été prêtre à vie d'Auguste, vraisemblablement du vivant de celui-ci. En effet, sa femme Lollia Antiochis a dédié un bain au peuple et à une « Aphrodite Iulia » (4). Cette Aphrodite peut être soit Livie après la mort d'Auguste, soit Julie, la fille d'Auguste, avant sa disgrâce. Le fait qu'Auguste soit dit Theos ne permet pas de choisir entre ces deux hypothèses, car l'adjectif est employé dans le monde grec bien avant la mort du premier empereur. Mais Livie est assimilée à Héra sur une statue d'Assos où elle porte son nom de Livie : « ὁ δῆμος καὶ οἱ πραγμα[τευόμενοι Ῥωμαῖοι] θεὰν Λε̣ι̣ουίαν̣ {Ḥραν ν[έαν ---] τὴν τοῦ Σεβαστοῦ θε[οῦ γυναίκα] » (I.Assos 19). Cette statue peut dater d'avant 14. En outre, il est assez rare que Livie soit appelée simplement Iulia, même après 14, sans son titre d'Augusta. Le bain est donc vraisemblablement dédié à Julie.
Le sacerdoce de Q. Lollius Philetairus est le seul attesté à Assos en l'état actuel des sources. Ce bienfaiteur local a également été roia et prêtre de Zeus Homonôos. Pendant sa gymnasiarchie, il a dédié un portique à Auguste et au peuple. La dédicace de sa femme à Julie et au peuple fait pendant au portique de Philetairus : les deux membres du couple ont effectué des évergésies complémentaires, mais de façon séparée. Lollia Antiochis a été la première femme à être reine avec son marib : en effet, les fonctions exercées en commun par un couple se développent à cette période, mais ce n'est pas encore le cas dans le culte impérial et Lollia Antiochis n'a pas été prêtresse des empereurs.
Le tombeau de Q. Lollius Philetairus a été étudié par C. Berns, qui montre que son installation au bord d'une nouvelle rue et non dans l'ancienne nécropole hellénistique est un signe de l'importance de ce personnage dans la cité à l'époque augustéenne. Le nom Lollius peut être hérité du consul de 21 avant J.-C. M. Lollius mais, si la dédicace de Lollia Antiochis est bien adressée à Julie, le couple ne peut pas avoir reçu la citoyenneté romaine à l'occasion du passage de M. Lollius dans la région lors du voyage de Caius César en Orient en 1 avant J.-C. À cette date, Julie est déjà disgrâciée. La dédicace est nécessairement antérieure à 2 avant J-C. Surtout, le père de Q. Lollius est déjà citoyen romain (3). Q. Lollius Philetairus et sa femme ont donc peut-être reçu ce nomen par l'intermédiaire d'un autre Lollius – ce qui expliquerait le choix du prénom Quintus plutôt que Marcus car, d'ordinaire, les Grecs devenant citoyens romains adoptent le prénom et le gentilice de celui grâce auquel ils ont obtenu ce privilège. Un deuxième élément inhabituel doit être souligné. Sur une inscription, le nom de Q. Lollius est inscrit en latin sur la première ligne, puis il est répété en grec (3). Les inscriptions bilingues émanent le plus souvent d'Italiens installés dans le monde grec. Pourtant, le cognomen de Philetairus et celui de sa femme sont parfaitement grecs ; seule la première ligne est traduite et non toute l'inscription. L'origine de Q. Lollius Philetairus comporte donc encore des zones d'ombre, mais on ne peut exclure qu'il descende d'une famille italienne suffisamment hellénisée pour utiliser un cognomen grec.
Le sacerdoce de Q. Lollius Philetairus est le seul attesté à Assos en l'état actuel des sources. Ce bienfaiteur local a également été roia et prêtre de Zeus Homonôos. Pendant sa gymnasiarchie, il a dédié un portique à Auguste et au peuple. La dédicace de sa femme à Julie et au peuple fait pendant au portique de Philetairus : les deux membres du couple ont effectué des évergésies complémentaires, mais de façon séparée. Lollia Antiochis a été la première femme à être reine avec son marib : en effet, les fonctions exercées en commun par un couple se développent à cette période, mais ce n'est pas encore le cas dans le culte impérial et Lollia Antiochis n'a pas été prêtresse des empereurs.
Le tombeau de Q. Lollius Philetairus a été étudié par C. Berns, qui montre que son installation au bord d'une nouvelle rue et non dans l'ancienne nécropole hellénistique est un signe de l'importance de ce personnage dans la cité à l'époque augustéenne. Le nom Lollius peut être hérité du consul de 21 avant J.-C. M. Lollius mais, si la dédicace de Lollia Antiochis est bien adressée à Julie, le couple ne peut pas avoir reçu la citoyenneté romaine à l'occasion du passage de M. Lollius dans la région lors du voyage de Caius César en Orient en 1 avant J.-C. À cette date, Julie est déjà disgrâciée. La dédicace est nécessairement antérieure à 2 avant J-C. Surtout, le père de Q. Lollius est déjà citoyen romain (3). Q. Lollius Philetairus et sa femme ont donc peut-être reçu ce nomen par l'intermédiaire d'un autre Lollius – ce qui expliquerait le choix du prénom Quintus plutôt que Marcus car, d'ordinaire, les Grecs devenant citoyens romains adoptent le prénom et le gentilice de celui grâce auquel ils ont obtenu ce privilège. Un deuxième élément inhabituel doit être souligné. Sur une inscription, le nom de Q. Lollius est inscrit en latin sur la première ligne, puis il est répété en grec (3). Les inscriptions bilingues émanent le plus souvent d'Italiens installés dans le monde grec. Pourtant, le cognomen de Philetairus et celui de sa femme sont parfaitement grecs ; seule la première ligne est traduite et non toute l'inscription. L'origine de Q. Lollius Philetairus comporte donc encore des zones d'ombre, mais on ne peut exclure qu'il descende d'une famille italienne suffisamment hellénisée pour utiliser un cognomen grec.
Sources :
1/ I.Assos 15
ὁ ἱερεὺς τοῦ Σεβαστοῦ θεοῦ Καίσαρος, ὁ δὲ αὐ[τ]ὸς καὶ πάτριος | βασιλεὺς καὶ ἱερεὺς τοῦ Διὸς τοῦ Ὁμονῳvου καὶ γυμνασίαρχος | Κοίντος Λόλλιος Φιλέταιρος τὴν στοὰν ἀνέθηκεν θεῶι | Καίσαρι Σεβαστῶι καὶ τῶι δήμωι [---] καὶ τοὺς | [---] ἐχομένους [---].
2/ I.Assos 17
[Λολλία Ἀντι]οχὶς [ἡ γυ]νὴ ἡ Κοίντου Λολλ[ίου] Φιλεταίρου, τοῦ | διὰ βίου ἱερέως τοῦ Σεβαστοῦ θεοῦ Καίσαρος, βασιλε[ύσασα ---] .
3/ I.Assos 18
Q. Lollius [Q. f. Philetaerus]. | Ὁ δῆμος [ἐτειμήσεν Κοίντον] | Λόλλιον Κο[ίντου υἱὸν Φιλέταιρον] | χρυσῶι στε[φάνωι καὶ] | εἰκόνι γραπ[τῆι καὶ εἰκόνι μαρ]|μαρίνωι.
4/ I.Assos 16
[Λ]ολλ[ία] Ἀ̣ντιο[χὶς ἡ γη]νὴ ἡ Κοίν̣του | [Λ]ολλί[ου] Φιλετα̣ίρου, βασιλεύσα|[σα] κατὰ τὰ πάτρια πρώτη γυν̣αι|κῶν, τὸ βαλανῆον καὶ τὰ ἑπό|μενα τῶι βαλανήωι ἀνέθηκεν | Ἀφροδείτηι Ἰουλίᾳ καὶ τῶι δήμωι.
Bibliographie :
Berns 1996 p. 57, 65, 191-192 ; Van Bremen 1996 p. 293.
Notes :
a Q. Lollius Philetairus est le seul roi attesté à Assos. Il est donc difficile de savoir si la formule « πάτριος βασιλεὺς » se réfère à la façon dont il a exercé cette fonction religieuse, selon les coutumes ancestrales (c'est le cas pour sa femme), ou si le roi d'Assos porte toujours ce titre.
b Van Bremen 1996 p. 58 et 122. Il pourrait également s'agir du titre de « première des femmes », mais la mention de la royauté rappelle celle de son mari et il est plus plausible que « première des femmes » porte sur le verbe « βασιλεύω ».
Mis en ligne le 15/10/2009